Projet Juppé 2017 décortiqué : le rêve d'un gentil Juppé n'est qu'un mirage

Il y a quelques temps j'ai parlé ici même dans ce blog, du projet de Nicolas Sarkozy pour 2017 (billet à relire ici "Le programme économique de Sarkozy, du sang et des larmes annoncés"). Il y a plus de 2 ans j'avais aussi abordé le projet tout aussi terrible de Fillon (billet à relire ici : "Le projet de Fillon ? Sans surprise, de droite et sarkozyste")

Par conséquent et pour continuer le panorama des solutions économiques, ou pas, proposées par les candidats de la primaire à droite voici "un recensement" des "idées" d'Alain Juppé qui serait devenu la coqueluche d'une certaine partie des électeurs (23% des électeurs de Hollande)  qui, ne voulant plus de Hollande, se découvrent une passion pour "la nouveauté" d'un Juppé de 70 ans qui serait un tranquille retraité partout ailleurs dans 99,999% des familles françaises .... mais pas en politique.

Vous allez voir que ses "solutions" sont, peu ou prou, celles de ses comparses de "les Républicains" même s'il aime à jouer le rôle du père tranquille il n'en demeure pas moins que son projet n'est pas, lui aussi, un long fleuve tranquille pour les Français même si l'on y retrouve quelques idées intéressantes. C'est bien un projet marqué à droite, assurément : 

- Rendre les allocations chômage dégressives à partir de 12 mois;

- Relever l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans;

- Suppression du compte pénibilité;

- Sortir des 35 heures : porter la durée de référence du travail à 39 heures, permettant ainsi aux entreprises de négocier en fonction de leurs besoins;

- Suppression  de toute charge sociale au niveau du SMIC, pour permettre le retour vers l’emploi des moins qualifiés;

- Plafonner les revenus d’assistance pour que le travail soit toujours plus rémunérateur que l’inactivité; 

- Fin des emplois aidés et réorientation des moyens de financement vers le soutien à l’apprentissage;

- Réalisation de 100 milliards d'euros d'économies en 5 ans;

- Réduction des dépenses publiques à 52-53% du PIB d'ici 2022 puis à 50% du PIB dans 10 ans;

- Réforme du contrat de travail pour faciliter le recrutement;

- Travail du dimanche : Aller plus loin que l’actuelle loi Macron pour créer des emplois;

- Ne pas remplacer un fonctionnaire sur deux partant à la retraite;

- Rétablissement d’au moins un jour de carence des fonctionnaires;

- Allègement massif des contraintes imposées aux entreprises franchissant les seuils des 10 et 50 salariés;

- Renforcer les allègements de charge pour arriver à un « zéro charge » au niveau du Smic;

- Suppression de l'ISF;

- Allègement de  la taxation sur les dividendes et les plus-values des entreprises;

- Ramener le taux de l’impôt sur les sociétés vers la moyenne européenne;

- Suppression des commissions paritaires régionales, instituées par la loi Rebsamen sur le dialogue social, pour toutes les PME de moins de 10 salariés;

- En cas d’échec du dialogue social, permettre aux salariés de se prononcer,  à la demande du chef d’entreprise, au travers d’un référendum qui s’imposerait aux syndicats;

- Redéployer 4500 policiers et gendarmes sur le terrain grâce à des personnels civils qui déchargeront les policiers et gendarmes des tâches administratives;

- Maintenir le budget de l’Éducation nationale à son niveau actuel, (65 milliards d’euros);

- Concentrer les moyens sur les classes de maternelle et de CP en redéployant à leur profit des moyens du second degré;

- Augmenter de 10 %, dès 2017, les salaires des enseignants du premier degré en contrepartie : renforcer la présence des enseignants dans l’établissement (pour corriger les copies et recevoir les élèves et leurs parents);

- Enrichir la formation des enseignants du premier degré en mettant l’accent sur les mécanismes d’apprentissage linguistique;

- Rétablir la loi Ciotti sur l’absentéisme scolaire pour permettre la suspension des allocations familiales aux parents d’enfants absentéistes;

- Recruter dans les crèches des animateurs linguistiques pour habituer tous les enfants à parler et à entendre une langue soutenue;

- Améliorer la formation initiale des enseignants en insistant sur la gestion de classe et en renforçant le rôle des enseignants tuteurs;

- Création d’un « pôle d’expérimentation » relatif à l’exploitation du gaz de schiste;

- Réformer profondément l’AME (Aide Médicale d'Etat) pour la limiter aux cas d’urgence et lutter contre le tourisme médical;

- Création d'une allocation sociale unique, plafonnée en dessous du salaire minimum;

- Suppression des réductions automatiques de peine de prison;

- Suppression des peines de substitution (bracelet électronique…) pour les peines supérieures à 1 an de prison (6 mois pour un récidiviste);

- Rétablissement des peines de prison plancher; 

- Construction de 10.000 places de prison sur le quinquennat;

- Création d'une police pénitentiaire chargée d’assurer le renseignement contre les trafics et la radicalisation des détenus;

- Sanctuariser les 9 milliards d'euros par an de la PAC pour la France;

- Confier l’ensemble de la formation professionnelle (lycées professionnels) et de l’apprentissage aux régions;

- Réduire substantiellement le coût de l’apprentissage pour les entreprises et simplifier le contrat d’apprentissage;

- Rapprocher la formation professionnelle et l’apprentissage, notamment entre les centres de formation d’apprentis (CFA) et les lycées professionnels;

- Mieux adapter les formations aux besoins des entreprises et réduire le nombre de CAP et de baccalauréats professionnels (215 spécialités de CAP, 50 spécialités de BEP et 63 spécialités de baccalauréat aujourd’hui);

- Cumul des mandats : pour une formule réaliste et pas systématique. Ainsi, le cumul peut être autorisé pour le maire d'une petite ville, mais pas forcément pour celui d'une grande; 

- Faire voter chaque année par le Parlement un plafond d’immigration, une répartition par type d’immigration (% étudiant, % travail et % regroupement familial) et la mise en place d’un système par point qui permette de déterminer le profil des étrangers dont nos universités, ou notre économie, ont besoin.

- Autoriser le placement des familles en rétention administrative en supprimant la «circulaire Valls ».


Je vais m'arrêter là car d'une part le projet ne semble pas encore bien ficelé en ce qui concerne l'économie et le social (rien pour l'instant à propos de l'impôt sur les revenus) et d'autre part il reste encore quelques mois avant d'être fixé sur la totalité du projet, sachant que le 11 mai Juppé doit publier un opus sur le volet économique.

En attendant j'espère que ce premier recensement vous aura permis de vous donner une idée des voeux et souhaits de Juppé, je pense que comme moi vous aurez noté que si d'aventure il devait être élu, l'orientation de sa politique pencherait nettement à droite et il ne ferait pas du social sa priorité, loin s'en faut. Nous serions alors partis pour un quinquennat de reculs sociaux sans précédent, la loi Macron à côté c'est de la rigolade, si j'ose dire.

Malgré toutes ses imperfections, ses renoncements, ses cadeaux au patronat sans contreparties, sa loi Macron, son projet, mort né, de déchéance de la nationalité, ses choix économiques bien trop favorables à l'offre sans véritablement de relance de la demande, etc ... on peut se dire que tout compte fait Hollande et sa politique de centre gauche est bien préférable au projet de Juppé ... ça va mieux nous dit-on.

Mais avant l'élection de 2017 Juppé comme Hollande devront en passer par une primaire ouverte à droite pour l'un à gauche pour l'autre. J'espère simplement que Cambadélis et le PS ne nous feront pas une entourloupette pour la primaire à gauche.

A la prochaine fois si vous le voulez bien.





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