Depuis hier soir 18h et la publication des chiffres du chômage et, une fois l'effet de surprise passé, nous avons pu observer une contre-offensive généralisée allant de droite à gauche mettant en cause les chiffres ou tout du moins la baisse qui selon certains ne serait due qu'aux nombre de stagiaires sortis des statistiques ainsi que des radiations.
N'ayant pas de religion en la matière et pour remettre tout ça à l'endroit et essayer d'y mettre un peu d'objectivité, j'ai exhumé la note de la DARES publiée hier en me focalisant surtout sur les motifs des sorties et l'évolution dans la durée pour vérifier si oui ou non ce phénomène ne serait que passager.
Par conséquent pour expliquer tout cela je vais le faire avec des graphiques, visuellement plus parlant que du texte. Attention ils portent sur les catégories A,B,C et pas uniquement la A qui a baissé de 60.000 chômeurs.
Nous commençons par les sorties dues à une reprise d'emploi et l'on constate une courbe qui progressivement remonte continuellement depuis mi 2015. De ce point de vue il est donc clair que la situation s'améliore depuis maintenant 9 mois, c'est incontestable (évolution de 15,1% en un an)
Nous poursuivons par les sorties dues aux entrées en stage des chômeurs et constatons que depuis mi-2011 la courbe progresse sensiblement et depuis juillet 2013 elle rejoint le plus haut de 2007 (évolution de +10,6% en un an).
Mais c'est un choix politique de gauche consistant à payer de la formation aux personnes à la recherche d'un emploi de façon à mieux les aider ensuite dans la recherche d'un emploi en accroissant leur formation et savoir faire. A mes yeux il n'y a rien de choquant à le faire si cela permet aux chômeurs de retrouver un job. Et puis quand on est en stage, on se forme et donc on n'est pas à la recherche d'un emploi.
Alors il faut savoir ce que l'on veut, soit on ne fait rien et les chômeurs restent sans emploi, soit on les forme davantage pour leur donner des meilleures chances de trouver un job et on se fout alors qu'ils sortent des statistiques des catégories A ou B ou C.
Mais les grincheux diront quand même que cela fausse les statistiques du chômage, c'est parfaitement inexact puisque ces personnes en stage sont toujours dans les statistiques mais ont changé de catégorie, on les retrouve, si j'ose dire, dans la catégorie D. Sachant que le nombre d'inscrits en catégorie D diminue de 0,1 % (–0,4 % sur trois mois)
Ensuite, regardons les sorties dues aux radiations, cette fois la courbe n'est pas régulière et à sa lecture on constate que le niveau des radiations du 1er trimestre revient à celui plus bas connu en moyenne entre mars 2009 et janvier 2013. Par conséquent nul besoin de grimper aux rideaux et de s'en offusquer (évolution en un an de -2,2%).
Passons maintenant au défaut d'actualisation pour constater une évolution continue depuis mi-2011 avec une accentuation certaine depuis juillet 2015, (évolution sur 1 an de 9,3% ce qui n'a rien d'extraordinaire) c'est ici que se trouve le gros "des troupes" (44% des sorties).
Pour terminer avec les sorties voici la courbe de l'ensemble, le cumul des sorties du chômage n'a jamais été aussi élevé, là encore c'est net et sans bavure.
Voici le tableau général avec les "volumes" par motif de sortie (cliquez pour l'agrandir). Sur trois mois, les sorties pour reprise d'emploi déclarée (+1,4 %), entrée en stage (+9,3 %), arrêt de recherche (+1,0 %), cessation d'inscription pour défaut d'actualisation (+8,3 %), radiation administrative (+2,3 %) et autre cas (+0,7 %) sont toutes en hausse.
Ma conclusion est autant simple que limpide, résumer que la baisse du chômage comme certains le font serait due uniquement aux entrées en stages et autres motifs de sorties n'est pas vraiment exact, pour autant il n'y a pas non plus de quoi faire des cocorico même si cette baisse de 60.000 est une première depuis de nombreuses années (septembre 2000). Laissons du temps au temps et si cette tendance se confirme alors on en reparlera.
En bonus le tableau général :
Sans cracher dans la soupe, quelques chiffres pour commencer
RépondreSupprimer2007>2012: Sarkozy est passé de 2,10 à 2,86 millions de chômeurs. 2012>2016: Hollande est passé de 2,86 à 3,50 millions de chômeurs. (via @M_Le_Poireau)
Et je te remets ici mon commentaire en réponse du tiens chez moi: "La courbe du chômage a des variations cycliques, après une forte hausse le mois dernier (+ 38 400), il est normal que le mécanisme d’autorégulation du marché fasse son boulot. On est loin d’une l’amélioration de l’activité économique qui ne s’observe que sur plusieurs mois, et ce n’est pas le cas. Les entrées en stage(+9.3%) et la hausse des radiations (+8.3) impactent très fortement le résultat de Mars, oui, il faut s’attendre à leur retour dans les stats le mois prochain, car toujours « sans activité économique« . Et la variation de la courbe à court terme ne masque sa hausse permanente depuis Mai2012.On va espérer que ça baisse, vraiment, ce qui n’est pas le cas.".
Pour finir, je suis pour l'amplification des "offres de stage", investir dans ce sens, c'est faire une "politique de Gauche" c-à-d,("une relance par la demande") et cela peut avoir des incidences positives sur l'économie, et sans toucher au Code du travail en plus! Bref, "De Gauche", ça marche...
Mon avis.
le premier graphique est pourtant limpide +15% en un an de sortie par reprise d'emploi, c'est pas mal quand même. Quant à la formation et autres sorties j'ai expliqué mon point de vue sur les entrées en stage notamment.
RépondreSupprimerQuant à l'évolution depuis 2012 on est d'accord mais ce n'est pas l'objet de mon billet .... ça viendra quand je ferai le bilan de Hollande comme je l'ai fait pour Sarko.
On fera le point, oui. J'ajoute: +0,5% de hausse depuis janvier 2016, et personne n'évoque les "effets" du pacte de responsabilité (des milliards égarés sans incidence sur l'emploi. Mais bon.
Supprimermais si j'en ai parlé des effet ou pas du pacte de responsabilité et CICE ici : Savez-vous combien coûte l'aide aux entreprises via le CICE et les autres exonérations ?
SupprimerJe sais, lu et partagé. Nous sommes à la fin du mandat de Pépère, la dernière année est déjà celle de la campagne présidentielle (et des affaires courantes), on a déjà notre *Bilan*. Et c'est Arnaud Montebourg qui avait raison.
SupprimerPrions.
./...
Je suis sans emploi depuis le 3 décembre, licencié en janvier, je viens d'être inscrit à Pôle emploi qu'en cette fin du mois d'avril. Mon cas comme certainement celui de beaucoup ne figurent pas dans les stats de mars. La boite qui m'a licenciée a touché des aides au maintien de l'emploi en 2014 et 2015 et elle a délocalisée l'activité de 130 personnes.
RépondreSupprimerMerde, encore une boite qui veut améliorer sa marge au détriment des salariés devenus variables d'ajustement.
SupprimerPas de PSE ? pas de cabinet d'outplacment ?
Courage à vous Robert
Pas de PSE mais un double chantage aux AGS (Medef) et aux salariés. Si pas de poursuites judiciaires de l'Etat français et des salariés, la multinationale (un fond d'investissement américain)consentira au versement de 6 mois de salaire aprés signature le 12 mai devant les Prud'hommes de 100% des salariés ainsi que d'anciens licenciés qui avaient entamé des actions en justice depuis 2011...Je ne sais quelle tractation secrète tient les avocats de la multinationale et des AGS car ces derniers ont associé les versements de nos salaires et des indemnités à la signature du 12 mai. Pas besoin de loi El Khomry dans le royaume de France.
RépondreSupprimer+700000 depuis 2012 -60000 à vérifier = toujours +640000 au bas mot.
RépondreSupprimerBravo...
Bonjour, réflexion tout à fait intéressante. Il serait pertinent également d'étudier plus précisément la courbe des sorties pour défaut d'actualisation, dont vous précisez qu'il est le premier motif de sortie. Je pense que l'évolution de Pôle Emploi vers le tout numérique et sa concentration des moyens humains sur la minorité la plus en difficulté des chômeurs, et sachant que la majorité des Demandeurs d'Emploi n'est pas indemnisée au titre du chômage, joue de manière significative sur l'actualisation : à quoi bon rester inscrit si pas de plus-value effective dans la recherche d'emploi ?
RépondreSupprimer@ Jeff,
RépondreSupprimerVoilà ce que dit la DARES dans sa note: "Fin mars 2016, en France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi tenus de rechercher un emploi et sans activité (catégorie A) s’établit à 3 531 000. Ce nombre diminue de 1,7 % sur un mois (soit –60 000 personnes), de 1,4 % sur trois mois (–49 500 personnes) et progresse de 0,5 % sur un an (+16 600 personnes)."
Résumé: le chômage sur un an, c'est pas une baisse de 60.000 mais une hausse de 16.000. Eh merde.
Tout est donc dans la présentation et à ce sujet, voilà ce que dit la DARES:
"Information :
Pour l’interprétation des chiffres de cette publication, il convient comme toujours de privilégier les évolutions en tendance plutôt qu’au mois le mois".
Donc, le bon chiffre c'est +16.000 et pas - 60.000...
L'autre donnée centrale, c'est que la reprise d'emploi ne constitue que 20% des sorties du chômage: vous mettez 5 chômeurs dans une pièce, un seul retrouve un emploi, les 4 autres changent simplement de catégorie administrative. Comme le montre votre 1er diag, ce chiffre est en BAISSE sur le long terme, mais il est vrai qu'il s'améliore depuis un an, comme vous le soulignez. C'est le seul indicateur positif.
Enfin, pour celui qui retrouve un boulot, quelle proportion de CDI? Mais ça, c'est d'autres stats et on sait que c'est pas bon.
Donc, effectivement, pas de cocorico, ça non.
En fait si on compare le 1er diag et le dernier, on en retire l'idée que de plus en plus de sorties du chômage se font par de moins en moins d'emplois.
Sans perdre de vue que, naturellement ces comptes sont maquillés comme une voiture volée et que la situation est encore pire.