Le socialisme à la sauce hollandaise : que sont mes rêves devenus ?

Hier le socialisme à la française a disparu des écrans radars du Président de la République. Le socialisme n'existe plus au PS, ce parti est devenu ou est resté, c'est comme vous voulez, un parti réformiste à l'allemande, le SPD français est né, Jaurès doit se retourner dans sa tombe.

Ainsi, le socialisme de l'offre serait donc devenu l'alpha et l’oméga de la politique économique du pays. Voyez-vous ça !


Il parait que "l'offre créé sa propre demande" disait l'économiste libéral Say et bien perso j'ai plutôt tendance à penser que "la demande créé l'offre" considérant à tort ou à raison que sans demande il n'y aura jamais d'offre, or, le client final c'est bien lui qui fait la demande si ses ressources, son pouvoir d'achat le lui permettent et donc en dopant la demande on génère une offre nouvelle.

Plutôt que de concentrer tout sur l'offre comme le souhaite Hollande, ne faudrait-il pas aussi stimuler la demande ? Personnellement je pense que oui. Le socialisme n'a pas pour vocation de doper la consommation mais de faire en sorte que le niveau de vie des hommes et des femmes s'améliore ce qui engendre un regain de demande et donc d'offre. 

Mais au fait, cette inflexion de François Hollande serait-elle nouvelle ? Non évidemment ! Pierre Moscovici nous l'avait déjà annoncé lorsqu'il avait rencontré quelques blogueurs (à lire ici).

Et puis franchement je connaissais ce positionnement de François Hollande, pour s'en convaincre il suffit de lire ce que j'écrivais le 23 août 2011 dans un de mes billets : 
"Programmatiquement François Hollande est le représentant de la sociale démocratie lors de cette primaire en l’absence de "Dominique". Il ne faut donc pas s'attendre à des miracles ni par exemple à des positions tranchées sur la finance mondiale et les agissements des gouvernants."

Par conséquent, à l'ouest rien de nouveau sauf que des intentions il est passé aux actes, pour moi qui ait soutenu Arnaud Montebourg contre François Hollande lors des primaires citoyennes j'ai un peu la gueule de bois.

Je m'aperçois d'ailleurs que je n'étais pas tendre le 28 septembre 2011 quand j'écrivais ici
Non Monsieur Hollande, les contribuables issus des classes moyennes et populaires ne doivent pas financer par leurs impôts, taxes et cotisations sociales (ce sont les prélèvements obligatoires) la dette due à la crise, il n'y a pas d'effort partagé à prévoir. 
Oui Monsieur Hollande il est normal que les Français fassent des efforts pour financer la dépendance des personnes âgées ou le déficit de l'assurance maladie au titre de la solidarité nationale. Mais, n'est-il pas tout aussi normal de demander aux banques et aux grandes entreprises qui ont bénéficié d'avantages fiscaux et/ou qui sont responsables de la crise de payer la plus grande part. 
Oui Monsieur Hollande, revenir à un déficit de 3% du PIB en 2013 comme semble être votre objectif, en appliquant les critères de convergences du traité Maastricht n’a aucun sens et d’ailleurs ces critères n'ont pratiquement jamais été appliqués, ou si peu, puisque seuls trois pays les respectaient avant la crise et d'ailleurs même l'Allemagne ne les respectait pas. Alors pourquoi donc faudrait-il respecter en pleine crise des critères obsolètes qui remontent à vingt ans. ?
Mais au final je crois que j'avais raison il est en effet pour moi totalement inconcevable que l'on allège de 30 milliards supplémentaires les charges patronales quand dans le même temps on renonce à donner un coup de pouce au Smic. 

Mais on annonce du gagnant-gagnant avec le patronat ? Très bien, j'ai déjà dans mon passé de syndicaliste négocié des accords gagnant-gagnant en terme d'emploi et bien il est très difficile de contrôler ce qu'un employeur vous affirme quand la société croit économiquement. Comment qualifier des emplois créés en période de croissance ? Des emplois grâce aux aides ou grâce à la croissance de l'entreprise. Le jeu de l'entreprise est de les mettre dans la case correspondant à l'accord même si en réalité seule la croissance a permis ces embauches. L'enfumage à défaut d'être permanent est pourtant bien réel.

Enfin mais qui paiera donc ces 30 milliards destinés aujourd'hui aux allocations familiales ? Nul ne le sait mais rappelons nous que Sarkozy prévoyait la même chose ....... facturé aux français via la TVA sociale.

Alors oui il parait qu'on va mettre en place des commissions pour vérifier si les engagements patronaux seront tenus ? Tout cela n'est que foutaise, une commission sans pouvoir réel qui rédigera des rapports de constat ne sert à rien ... bref voilà une structure inutile.

Alors, je ne renie rien de ce que j'ai écrit, y compris mon soutien appuyé et déterminé à François Hollande lors de la campagne de l'élection Présidentielle puisqu'il avait gagné la primaire. Face à la droite je le soutiendrai parce que c'est ma famille politique depuis toujours mais bon je reconnais que l'entrain me manque.

De bonnes choses ont été faites depuis 19 mois, bien heureusement tout n'est "pas à jeter" mais ce virage est fondamental, c'est un choix politique majeur et clivant.

Pour conclure ce billet je vais citer Arnaud Montebourg lors de son intervention à La Rochelle le 27 août 2011.

C'était il y a plus de 29 mois il y a très très très très longtemps ....... une éternité.
"Gérer le système c'est faire payer les classes moyennes et populaires de l'addition de la crise, transformer le système c'est faire payer les banques et les institutions financières qui ont la responsabilité de la crise". 
"On ne battra pas le sarkozysme en promettant l'austérité à ceux qui n’ont que leur travail pour vivre." 
"On ne battra pas le sarkozysme en leur promettant le nirvana du respect des critères du traité de Maastricht, la sainte bible du traité constitutionnel européen ou les tables de la loi stupides de l’Organisation mondiale du commerce." 
"On ne battra pas Nicolas Sarkozy en appliquant ses idées à lui, en le laissant nous enfermer dans son cadre à lui, et en se situant sur son terrain à lui, on l'emportera en combattant les préjugés qui nous ont conduits à la faillite. "

Tout était dit. 29 mois plus tard que font les socialistes au pouvoir ? Et bien exactement ce que disait Montebourg un jour d'été 2011 à La Rochelle.

En 2010 et 2011 j'avais des idées et des rêves, mes rêves se sont évanouis au gré du temps qui passe depuis mai 2012 ..... mais il me reste des idées.

Commentaires

  1. Montebourg , combien de divisions ?

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  2. Oui. François Hollande n'a pas changé de ligne, il est là pour ce qui l'a fait élire et Arnaud Montebourg est dans gouvernement.

    Et tu parles toi même de charges patronales au lieu de cotisations patronales.

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  3. oui, pas suffisament. Mais j'applaudis ce billet.

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