ANI : Le gouvernement passe par un trou de souris

Je n'avais pas vraiment ni l'idée ni l'envie de revenir sur l'Accord National Interprofessionnel signé entre le patronat (Medef - CGPME - UPA) et les organisations syndicales ou tout du moins trois d'entre elles (CGC - CFDT - CFTC) signé le 11 janvier, mais je me décide à le faire à l'analyse du vote en première lecture à l'Assemblée Nationale.

J'ai déjà longuement exprimé mon désaccord (billet du 16 janvier) sur le texte où l'équilibre penche un peu trop en faveur des employeurs au dépend des salariés.

Mais, hier 9 avril, l'Assemblée Nationale a adopté le projet de loi transposant l'ANI, par un étonnant "score" puisque qu'il y a eu  :

  • 278 abstentions (278) 
  • 250 votes favorables
  • 26 votes contre 
Ainsi donc, le total des votants (276) se répartissant entre 250 votes favorables et 26 votes contre, est inférieur au total des abstentions (278). 

Le résultat réel du vote quant à lui avec 250 voix favorables est des plus piteux dans la mesure ou 304 députés se sont abstenus ou opposés à ce texte.

N'en déplaise à Jean-Marc Germain (le rapporteur du projet de loi), le gouvernement n'a pas de majorité sur ce texte voté en première lecture et il n'y a pas lieu de fanfaronner. Affirmer comme il le fait que ce texte est "la loi la mieux votée depuis le début du quinquennat" est une bien étrange façon de comptabiliser les votes car pour moi, 250 voix favorables sur une assemblée de 577 députés ne représentent pas, loin s'en faut, une majorité.

On pourra toujours ergoter sur les abstentions que certains estimes favorables ou défavorables selon le cas, il n'en demeure pas moins que ce résultat n'est pas brillant pour le gouvernement. Pour un texte que François Hollande voulait majeur, lors de la conférence sociale de l'été 2012, c'est un résultat décevant.

Par ailleurs, depuis la conclusion de l'accord, les tenants de la "vraie gauche" politique et syndicale n'ont pas de mots assez durs envers la CFDT, qui est accusée de traîtrise par certains gauchistes pour avoir signé ce texte.

Alors là encore je prends ma calculette pour constater que même si au final le résultat me déplaît, la démocratie représentative a été parfaitement respectée puisque ce texte a été signé par 3 des syndicats représentatifs qui en cumul ont une représentativité de 51,15 % (CFDT 29,74%, CGC 10,78%, CFTC 10,62%) alors que les opposants (CGT 30,63% FO 15,94%) représentent 46,57%. 

Par conséquent que le gouvernement ait voulu transposer ce texte est dans la logique des choses et surtout la représentativité des signataires est absolument réelle et leur légitimité ne peut être contestée.

La démocratie c'est de respecter les choix des électeurs et pas de le remettre en cause tous des 2 jours en fonction de la perception que l'on a de tel ou tel texte ou projet.

Qu'on se le dise.




Commentaires

  1. comparons les attitudes syndicales à Amiens nord et Amiens sud
    le jusqu'au boutisme du nord engendre la fermeture , la recherche de compromis permet le maintien au sud



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    1. certes, on peut effectivement avoir cette opinion mais sur le fond du pb je te renvoie à mon billet sur l'attitude de Goodyear :
      Goodyear manipule sa production

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  2. Vois tu je me réjouirai encore avec d’autre vote rassemblant si peu de voix contre .

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  3. Je suis surpris sur la representativite des trois syndicats, en effet la CGC à peine 7% et CFTC à peine 7% et CFDT moins de 25%. Je souhaite une confirmation de vos chiffres. Merci

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  4. sur mon billet cliquez sur le lien "syndicats représentatifs" pour voir la nouvelle représentativité basée sur les années 2008 à 2012

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  5. A propos de l'accord de ces trois "syndicats" scélérats, je clame haut et fort que leur attitude va à l'encontre de ce qu'on peut attendre d'une organisation syndicale. Pour la CGC et les chrétiens, ça ne m'étonne pas trop. Pour la CFDT, ces réformards ont, depuis la scission avec la CFTC, eu une attitude des plus étrange. Sauf, reconnaissons le au début des années 70 où elle prônait l'autogestion. Mais ça n'a pas duré. C'est devenu une syndicat d'accompagnement des décisions des princes qui nous gouvernent.
    J'ai honte pour eux et j'espère que tous les syndiqués de fédérations cédétistes iront voir ailleurs (CGT ou SUD, voire FO mais pas trop) comme ça été déjà le cas du temps de la Notat ou plus récemment avec la fédé des transports en Auvergne (si j'ai bonne mémoire).
    Vivre le syndicalisme avec des zozos pareils, ça réveille les envies d'être anarcho-syndicaliste et tout péter.
    Déjà qu'il faut supporter les princes qui nous gouvernent et qui s'approprient toutes les richesses avec le concours de la valetaille politique, P*S* compris, s'il faut en supplément supporter les avanies de ces pseudos syndicats de salariés, ça fait pousser les canines.
    La représentativité de ces pseudos OS ne doit permettre de faire n'importe quoi contre ceux qu'elles sont, logiquement, chargées de défendre !

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