Après quatorze années de pouvoir, Hugo Chavez a été réélu pour six ans en octobre dernier et s'en est allé hier victime d'un cancer.
Son action politique au service de son peuple est positive pour les uns, plutôt de gauche et négative pour les autres, plutôt de droite et libéraux
J'ai relevé selon mon point de vue, les points positifs et ceux qui le sont moins de son action politique que j'avais déjà indiqués dans un précédent billet il y a quelques mois.
Grace à la manne pétrolière évaluée à 100 milliards de dollars par an, Hugo Chavez a pu orienter un programme social au bénéfices de la population de son pays. Le pétrole fournit à lui seul plus de 90% des recettes en devises du Venezuela.
Le bilan social de Chavez est donc très bon pour un homme de gauche puisque le peuple vénézuelien profite des progrès en matière d'éducation, d'alphabétisation, de santé et de recul de la pauvreté.
Les plus :
- Le taux d'analphabétisme a chuté de 9,1% en 1999 à 4,9% en 2011.
- 83% des jeunes accèdent à l'enseignement supérieur.
- La mortalité infantile a chuté de 19,15% à 13,95%,
- l'espérance de vie a progressé de deux ans.
- Près de la moitié de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 1999, moins d'un quart aujourd'hui.
- La pauvreté extrême a été divisée par deux (de 21,7% à 10,7%).
- l'accès à la santé et à l'éducation sont gratuits
- l'écart de revenus entre les plus riches et les plus pauvres s'est réduit (l'indice de Gini est passé de 0,46 à 0,39 en dix ans, 0 étant l'égalité absolue)
- Chavez a instauré un salaire minimum et généralisé les retraites pour le secteur informel
- Hugo Chavez a créé un système de protection sociale
- Le pays est la 4ème puissance économique latino-américaine, après le Brésil, l'Argentine et le Mexique
- la vie démocratique est irréprochable, l'ex-président américain Jimmy Carter, directeur du centre Carter, spécialisé dans le contrôle des opérations de vote, a déclaré que, des 92 élections que son centre a vérifié, "le processus électoral au Venezuela était le meilleur au monde, ajoutant même que "celui des Etats-Unis était sans doute l’un des pires (source)
Les moins :
- l'inflation a un rythme annuel autour des 30%
- le Venezuela importe les deux tiers de ce qu'il consomme
- le pays importe 80% de sa consommation alimentaire.
- le taux d'homicide le plus élevé d'Amérique du Sud (50 pour 100.000 habitants en 2011, selon des chiffres officiels)
- Le Vénézuela souffre de pénuries alimentaires chroniques, de coupures d'électricité et d'eau régulières
- 30 millions d'hectares de terres fertiles sont aujourd'hui laissées à l'abandon après que l'Etat ait exproprié près de 3 millions d'hectares
- sa dépendance au pétrole
Conclusion :
Comme le Venezuela possède les réserves de pétrole les plus importantes du monde devant l'Arabie Saoudite, le pays est "tranquille" pour de longues années sans soucis de ressources en devises.
Chavez a fait le choix politique d'utiliser ces ressources pour financer les programmes sociaux, mais en matière alimentaire, les expropriations et la menace de nouvelles de même nature freinent l'ardeur de certains vénézueliens qui ne veulent pas produire sur des terres dont ils n'auront pas le bénéfice de la récolte et de l'élevage.
C'est à mes yeux le gros point noir car sa dépendance alimentaire à l'extérieur engendre, naturellement, des pénuries alors que ce pays riche devrait produire ce dont la population a besoin.
- A lire :
- chez Cyril Adios Hugo Chavez,
- chez Gdc : Hugo Chavez ha muerto,
- chez Politweets : Jean Luc Mélenchon est en deuil ,
- chez Jegoun : Hugo Chavez est mort ?
- chez Romain : Hugo Chavez est mort, le grand vide et mes réserves
- chez Babelouest : Décès du président Hugo Chávez (Assawra)
Je mettrais la vie democratique dans la colonne des "moins", si vous demandez a l'opposition locale et non a un etranger. Sa constitution a apporte des ameliorations, mais tout en elargissant le pouvoir du president et de l'armee. Par ses nominations et ses decrets, il a pu etouffer les voix dissidentes et les medias qui ne lui etaient pas devoues. Il voulait tout controler, et rappelez-vous qui etaient ses chefs d'etat preferes. Pour completer votre plutot bon bilan je propose aux lecteurs anglophones: http://www.economist.com/node/21573048
RépondreSupprimerMerci Artur
RépondreSupprimerManque de chance, concernant les médias ils sont contrôlés presque tous par l'opposition dite "libérale". Réussir à gagner à chaque fois les élections malgré eux est un exploit.
RépondreSupprimerQuant à "ses chefs d'états préférés", j'aurai les mêmes, le pire ennemi (ennemi public et planétaire) étant Washington.
Pour les terres arables dont Melclalex souligne que beaucoup sont en friche, il faut se souvenir que l'ouvrage était si vaste pour la reconstruction d'un pays sapé par le capitalisme, que sans doute les progrès n'avaient pas eu le temps d'intervenir sur ce point-là. Il y avait tellement urgence pour le reste... Souhaitons que ses héritiers se pencheront là-dessus au plus vite maintenant.
Le pire serait bien évidemment le retour au pouvoir des "libéraux", comme au Honduras par exemple : la pauvreté reviendrait bien vite !
J'aime bien (sérieusement) l'optimisme de Bab !
RépondreSupprimerMelclalex, pour répondre à ton commentaire chez moi (je n'ai pas accès à mon blog du bureau, il me faudrait passer par l'iPhone) : j'ai fait mon billet avant toi, je l'ai rédigé dans le métro. Je l'ai publié dès que j'ai eu réglé les affaires urgentes au bureau, mais il était rédigé avant.
@nicolas : tout s'explique :)
RépondreSupprimer@babelouest : c'est clair qu'il y avait beaucoup à faire et souhaitons qu'ils puissent régler cette probématique des "terres" dans les années à venir.
a mon avis, le contrôle des émdias n'est pas forcément un terrain sur lequel un chaviste devrait jouer
RépondreSupprimer@ Romain
RépondreSupprimerÔ que si ! Le contrôle des médias est une chose si essentielle que "nos milliardaires" s'y emploient à fond dans notre beau pays, et le plus souvent à perte au niveau financier direct. Ils ne s'en vantent pas.
Nous la piétaille ne pouvons que biaiser cette mainmise essentielle, avec des "moyens de clochards". A propos de Notre-Dame des Landes par exemple, où je suis plutôt impliqué, c'est indéniable. Mais quand on donne du sien, on y arrive.
@Jeff, de rien, c'est un soulagement de trouver un article pas manicheen, qui essaye de faire la part des choses. En general je suis oblige de confronter les blogs de gauche et les liberaux pour avoir un tableau a peu pres correct de la realite.
RépondreSupprimer@Babelouest, je veux bien plus d'infos si tu as des liens. Le fait qu'il ait pu monologuer a loisir a la tele ne va pas dans le sens d'une liberte des media, notamment.
http://youtu.be/V3A0HBrQO18
RépondreSupprimerComme tu dis, c'est aussi ça, Chavez !
@corto : franchement donne plutôt des éléments crédibles car une vidéo "LibertarienTV" crois-tu vraiment que c'est objectif.
RépondreSupprimerMais le problème c'est qu'à part les phrases creuses politiciennes il y a bien peu d'éléments concrets dans les réactions de droite.
@ Artur
RépondreSupprimerJe cite le dernier article de Jean Ortiz dans "Le Grand Soir", qui rappelle des chiffres que j'ai déjà vus ailleurs.
Le « dictateur » Chávez a gagné toutes les élections, sauf une, depuis 1998, une par an en moyenne. « Dictateur » Chávez ? Il y a au Venezuela plus de liberté d’expression qu’en France malgré une liberté de la presse qui reste à conquérir, contre le « latifundium médiatique » des classes dominantes (sur 111 chaînes de télé, 13 seulement sont publiques et atteignent une part d’audience de 5,4 %), la procédure de « référendum révocatoire », des « conseils communaux » partout, 42 partis politiques (dont trois affiliés à l’Internationale socialiste et alliés à la droite), 7 candidats aux présidentielles d’octobre 2012 que Chávez a gagnées avec près de 55 % des voix, sans bavure, pas un seul journaliste assassiné ou emprisonné, contrairement à la Colombie, au Honduras, au Mexique, Paraguay... Chávez consacre 42,5 % du budget national aux programmes sociaux. Ce que l’on appelle au Venezuela bolivarien les « missions » (programmes d’urgence sociale), 20 millions de Vénézuéliens en bénéficient.
Je reprends. Voilà donc celui que fustigent "nos politiciens", y compris celui qui occupe l'Élysée pour 5 ans. Celui que j'ai tenté de dissuader, en mars 2012, de continuer plus avant sa fausse campagne de gauche.
Cohn Bendit ( pas vraiment un mec de droite, il me semble ) à l'instant sur Canal: " Chavez n'était pas un homme exemplaire, il ne comprenait pas la démocratie " et " L'hommage de Melenchon est scandaleux ".
RépondreSupprimerC'est mieux que la vidéo plus haut en effet !
Corto, précisément Cohn Bendit n'est pas un homme de gauche, il ne l'a jamais été, et il ne peut pas comprendre l'œuvre de Chavez.
RépondreSupprimerCohn Bendit est soit un menteur, soit mal informé. Je rappelle que Chavez a perdu un référendum et qu'il a respecté la décision majoritaire, ce qui n'a pas été le cas en France en 2005 aprés le "non" à la Constitution européenne.Le goût de Chavez pour la provoc était souvent excessive ou déplacée mais aussi souvent justifiée. Sa propagande peut paraitre aussi excessive mais il a laissé l'opposition pratiquer la sienne. Il n'a jamais empécher un journaliste de faire son métier dans un pays où la presse et la TV sont majoritairement aux mains d'intérêts privés. Il est vrai que son copinage avec certains dictateurs était du plus mauvais effet mais sur ce point la France et ses Présidents n'ont pas de leçons à donner et encore moins les américains. Je rappelle aussi qu'il a du faire face, en tant qu'élu du peuple, à un coup d'état manigancé par des "démocrates". Les pleunicheries mélenchoniènnes et autres marques genre "culte de la personnalité" me paraissent incongrues tout comme l'enterrement en grandes pompes républicaines et hypocrites de Mr Hessel. Nos "élus", dont une majorité de corrompus, feraient mieux de la fermer et de bosser pour le peuple.
RépondreSupprimerRobert Spire
Bonjour @ Artur :
RépondreSupprimer"je veux bien plus d'infos si tu as des liens. Le fait qu'il ait pu monologuer a loisir a la tele ne va pas dans le sens d'une liberte des media, notamment."
Un lien pour commencer :
http://ubuntuone.com/7W6qpkzGKtIdkE23FnJGHU
Et au passage, un billet au sujet des ragots qui se sont répandus dans tous les médias, à propos du non-renouvellement de la concession de RCTV (une mesure qui est à l'origine de l'idée très largement reçue que le gouvernement contrôlerait la grande majorité des médias, et monopoliserait l'information en éradiquant tout discours d'opposition... ce qui est loin d'être le cas) :
http://observenezuela.wordpress.com/2012/05/08/reporters-aux-frontieres-du-venezuela/
Notez tout de même que cette chaîne était activement engagée dans le coup d'Etat en 2002, elle menait une campagne de désinformation depuis, et appelait à la destitution du président fréquemment :
http://observenezuela.wordpress.com/2012/07/19/le-signal-est-a-tous/
Que dirait Mr Hollande (ou son prédécesseur) si TF1 en faisait autant ? Leur concession sur le canal hertzien serait-elle renouvelée ?
J'en doute !
Quant aux "monologues" du défunt président (qui avait effectivement un espace de diffusion dédié sur une chaîne publique, à travers l'émission "Aló, Presidente") je préfère voir un chef d'Etat s'exprimer régulièrement et être à l'écoute de ceux qui l'ont élu, plutôt qu'un président invisible qui n'écoute que la classe dirigeante et se moque ouvertement de ceux qui l'ont élu (en faisant mine de ne pas avoir le choix : "vous comprenez, les mains dans le moteur, on ne fait pas comme on pensait le faire, c'est plus compliqué, la dure "réalité" des choses, etc"... la petite chanson habituelle de ceux qui ne sont que des bons à rien au service de l'ordre établi).
Les vénézuélien-ne-s ne sont pas choqués, pour les plus modestes d'entre eux (la majorité donc) de voir leur chef d'Etat taper du poing sur la table en face des puissants, en faisant respecter la loi (votée par le peuple ou ses représentants) et en écoutant les exploités, et non pas l'inverse comme en France :
http://observenezuela.wordpress.com/2012/06/02/nationalisation-des-banques/
Combien de décisions de justice faut-il en France pour qu'un gouvernement fasse enfin appliquer la loi (le cas Fralib par exemple) ?
Mais bon, les $ocialistes sont bien trop complaisants, partisans du consensus et de l'esquive du rapport de force, car il ne faut surtout pas "inquiéter les marchés", il faut au contraire "les rassurer" et "faire des sacrifices" pour ne pas les "mettre en colère" :
http://www.youtube.com/watch?v=ODvbVDdsZFY
Bref...
Ce qui me choque moi, c'est de voir le P$ réprimer aussi durement les (vrais) syndicats (ceux qui ne se font pas envoûter par les douces sirènes du libéralisme économique) tout en laissant les actionnaires détruire l'outil de travail uniquement pour leurs profits. C'est trop facile de s'opposer aux faibles, mais ces soci(ét)alistes au pouvoir n'ont que faire des dominés, ils sont trop bien perchés tout là-haut, à servir les dominants (et leur appareil médiatique) grâce à qui ils sont élus !
M'enfin... je m'égare.
Merci pour ce petit billet (Jeff) qui fait rapidement le tour, sans oublier l'essentiel, mais en soulignant tout de même que, bien évidemment, le Venezuela n'est pas rose non plus, et il reste encore beaucoup à faire.
Amicalement.
Yvan