Et si la popularité de François Bayrou était une hallucination collective ?

Sans doute vous rappelez vous des révélations de Wikileaks concernant les propos de Dominique Strauss-Khan qui au mois de mai 2006, qualifiait la popularité d'alors de Ségolène Royal "d'hallucination collective". 

Tout comme moi vous aurez noté que les "petites phrases" lors des primaires ne datent pas de 2011 mais que déjà en 2006, les impétrants s'envoyaient quelques amabilités.

Sur le fond on a bien vu qu'il n'en était rien et que Ségolène Royal était tout sauf une hallucination.

Cette déclaration m'a fait songer "au cas" François Bayrou qui, tous les cinq ans, resurgit sur le devant de la scène. Lors de l'élection de 2002 c'était nettement moins le cas (6,84%) mais depuis 2007 on constate que son positionnement personnel et son propos parfois qualifié d'anti-sarkoziste lui permettent de s'attirer les faveurs d'une partie de l’électorat de droite et du centre droit qui ne voterait pas pour le candidat de la gauche.

Ainsi, on a vu lors de la campagne 2007 un François Bayrou au firmament, obtenir un très beau résultat au 1er tour de l'élection présidentielle avec 18,57% (6 millions 800 000 voix). La difficulté ensuite fût pour lui de choisir l'un des deux candidats, ce qu'il n'a pas voulu ni su faire en votant blanc. 

Il se dit que lors de ce second tour de la présidentielle 2007, 40% des voix des électeurs du Modem ont été vers Nicolas Sarkozy, 40% se sont portés sur Ségolène Royal et 20% ont été des votes blanc, nul ou abstention. Si François Bayrou avait demandé à ses électeurs de voter pour la candidat de la gauche, peut-être n'en serions nous pas dans notre cinquième année de "sarkozisme". Mais on ne refait pas l"histoire.

Lors de cette élection de 2007, le centrisme français a vécu sa révolution puisque l'UDF a éclaté et qu'une partie des amis de François Bayrou s'en est allé rejoindre Nicolas Sarkozy en se faisant happer par l'UMP. Les fidèles de François Bayrou au sein du Modem se croyaient renforcés et pensaient à un avenir joyeux et ponctués de bons résultats électoraux, clé de voute de l'implantation d'un parti politique.

Las, les résultats qui ont suivis 2007 n'ont pas confirmé la capacité du Modem à transformer dans les régions, départements, municipalités la progression de son leader. Pire encore, les résultats du Modem ne sont pas brillants et sans commune mesure avec ceux de François Bayrou.
On peut par conséquent s'interroger sur l'ancrage du Modem car ses piètres résultats électoraux ont démontré également son incapacité à attirer vers lui tout d'abord des candidats locaux puis bien évidemment des électeurs qui se sont détournés de François Bayrou par voix de conséquence.

Il est certain que la vampirisation de la droite et du centre par l'UMP a fait des dégâts dans les rangs des élus centristes qui, nombreux ont préféré rester au chaud dans la majorité avec l'UMP sous la bannière du Nouveau Centre pour bénéficier de son soutien lors des élections locales. Je crois que personne n'est dupe.

Mais à elle seule cette boulimie de l'UMP n'explique pas la faiblesse du Modem sur les territoires et sa différentiation entre la droite et la gauche. Au final on ne se bouscule pas au portillon pour être candidat Modem.

Enfin, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, nouer des accords électoraux à géométrie variable soit avec l'UMP soit avec le PS et donc de se positionner "comme une girouette" tantôt à droite, tantôt à gauche n'est pas gage de clarté pour les électeurs centristes.

Faut-il vraiment croire en la popularité de François Bayrou, au demeurant sympathique ? Les Français ne sont-ils pas victime d’une hallucination collective ? Sa popularité supposée n'est-elle pas liée aux circonstances et au rejet de Sarkozy par nombre d'électeurs ?

En ces temps difficiles, les Français ont besoin de clarté et il n'est pas certain que le candidat du Modem soit celui qui éclaire les citoyens nettement et majoritairement opposés à la politique de Nicolas Sarkozy.

Commentaires

  1. Les électeurs disent avoir besoin de clarté mais certains aiment le confort du vague.

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  2. Analyse que je ne partage pas mais que je lis néanmoins avec intérêt.

    Une seule précision sur les données électorales : pour 2008 et 2011 vous prenez le ratio voix/électeur au niveau national. Malgré cela puisse paraître logique, l'image est faussée, puisque cela fait l'impasse sur les choix de présenter ou pas des candidats dans des élections qui restent très locales.

    Tout juste sur les cantons dont je me suis occupé, en 2011 on a constaté des scores nettement supérieurs à ceux des régionales, bureau de vote par bureau de vote, dans un ratio souvent supérieur à 2:1

    Cela n'enlève rien à la faiblesse objective des scores du Mouvement Démocrate au différentes élections, hors présidentielle, mais permet de retracer une dynamique, plus logique, de remontée après la débâcle des régionales.

    Si vous prenez le dernier sondage d'aujourd'hui, juste parce que c'est le dernier, Bayrou serait à 14, captant 75% de l'électorat du MoDem, 15% de l'extrême gauche et un peu de tout entre 5 et 6 ... cela laisse estimer, sous réserve de fiabilité du sondage, une valeur intrinsèque du parti, aujourd'hui, entre 7 et 10, assez loin de votre 1,88.

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  3. le parti et le leader sont deux choses différentes Claudio

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  4. Heureusement, François Bayrou a dit haut et fort qu'il n'était pas le candidat du MoDem, ce schmilblick ni de gauche ni de droite mais indépendant (donc inclassable!), il est le candidat d'une majorité centrale qui va bien au-delà du MoDem. Ouf ! ce n'est pas là qu'il faut chercher la machine à perdre !!

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  5. Les présidentielles ne sont pas une élection de Parti.

    Le Modem me semble devenu juste une écurie pour relayer les vues de F. Bayrou sans prétention idéologique. N'est-ce pas beaucoup plus franc et mieux ainsi ?

    F. Bayrou lui même est resté plutôt solide et constant dans ses analyses notamment économiques et
    d'opposition "Sociale" à N. Sarkosy et pour cela il en devient trés interessant par rapport aux candidats (F. Hollande) qui sont bloqués à ménager des partis pus ou moins alliés, ne choisissent pas de ligne et fot du sondager pur.

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  6. Il y a une autre analyse de cette époque : si davantage d'électeurs sociaux-démocrates s'étaient décidés à franchir le pas, il n'y aurait pas eu 5 ans de sarkozy non plus parce qu'il se serait fait laminer par Bayrou au second tour...

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  7. En ce qui concerne le MoDem, il s'est très souvent aligné sur des positions de centre-gauche au lieu d'occuper le centre et le centre-droit, ce qu'il eût fallu faire. Pas étonnant qu'il se soit ramassé.

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  8. Et si la popularité de François Hollande était une hallucination collective ?

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  9. La véritable "hallucination collective" est qu'il ait un aussi bon score avec un programme semblable à ceux de Sarkozy et Hollande : de l'austérité, encore de l'austérité, toujours de l'austérité.
    Quand les Français comprendront-ils que l'austérité c'est comme la saignée pratiquée par les Diafoirus, ça tue plus que ça ne soigne ?

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  10. Bien gentil tous vos chiffres mais comment avez vous comptabilisez mon vote aux cantonales ?
    J'avais le choix : PS ou FN. Je suis allé voter !
    mais je sais pertinemment que mon vote n'a pas été comptabilisé Modem.
    Ce genre d'analyse politique est stupide; on avance des chiffres sans aucune signification, on suppute, on suppose, on croit que, on pense que ...
    Mais rien mais alors rien pour que la France aille mieux aucune idée aucune suggestion, aucune analyse contradictoire, rien qui n'appartienne au cœur; des propos de politique politicienne sans fond.
    Je suis passé par ici par relais du blog de l'hérétique. Mais il est sûr que je ne vais pas cataloguer ce site dans mes favoris

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  11. @jacques et claudio les chiffres publiés sont ceux officiels du ministère de l'intérieur donc totalement officiels.

    Il est de coutume pour ceux ayant un "petit" score de vouloir le grossir, donc votre réaction n'est guère surprenante.

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  12. @ Romain
    Je le sais bien, mais puisque l'article fait le parallèle, il me paraît utile de donner quelques précisions.

    @ Melclalex
    Ai-je nié leur officialité ? J'ai averti sur leur peu de sens, nuance. Après si vous croyez que les démocrates pèsent moins de 2% ... libre à vous

    @ Jacques Berthe
    Exactement, expliquez-le à melclalex, s'il vous plaît

    @ Lucno
    De l'intérieur, je n'ai pas le même ressenti sur le parti. Le MoDem soutient François Bayrou, en lui laissant la liberté de mener sa campagne comme il le souhaite. Cela ne veut pas dire que le débat n'existe pas, même s'il est peu médiatisé.

    @ L'hérétique
    Espèce d'infidèle, tiens ! :D On est toujours pas d'accord sur la lecture centre-gauche/centre-droite, mais tu l'imagines bien ! (oui, comme quoi au MoDem le débat existe ...)

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  13. Melclalex
    Officiel j'ai entendu Lagarde nous dire en 2008 que la crise était derrière nous
    Officiel j'ai entendu Sarko dire en 2007 que " moi élu dans 2 ans il n'y a plus un SDF "
    Vos raisonnements officiels ne tiennent pas la route face à la réalité.
    Pour revenir à l'élection cantonale
    sur les 400 cantons ou le modem avait un représentant il a fait 13,9% de moyenne au premier tour.
    Vous pouvez triturer les chiffres dans tous les sens c'est tout simplement une réalité.
    Le modem c'est une philosophie et non pas pas une machine à fabriquer des élus et ça beaucoup de français et de plus en plus le comprennent.

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  14. Jacques,
    Je ne triture rien du tout je me contante de citer les chiffres du ministère de l'inétrieur.

    Pour "la machine à fabriquer" des élus, désolé de vous dire que si l'on veut peser en politique il n'y a pas d'autres moyens que d'avoir des élus qui mettent en place une politique à laquelle on croit au service de ses concitoyens.

    Ça s'appelle la politique.

    Force est de constater qu'il y a bien peu d'élus Modem dans ce cas c'est le sens de ma réflexion.

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  15. Merci pour votre intérêt pour … l'intérêt porté par les Français(es) à notre candidat.

    Ceci dit, si hallucination il y a, c'est chez celles et ceux qui croiraient que "opposition à Nicolas Sarkozy" doit signifier "adhésion au socialisme".

    On a le droit de penser (et si on n'a pas le droit, je prends le gauche) que ces deux lignes politiques sont coresponsables du désastre actuel de l'Etat, et qu'il serait grand temps d'en prendre une autre.

    Après cela, je vous accorde volontiers qu'il y a plusieurs options sur la table, et que les Français(es) n'y voient pas encore très clair : le nationalisme, une révolution écologique qui générerait un million d'emplois, la révolte dans les rues contre "le système", ou encore, le projet démocrate.

    Je pense que les Français n'y voient pas encore clair sur le contenu de ces différents projets, mais qu'ils discernent sans mal la crédibilité relative des porteurs de ces différents projets, pour ce qui serait de présider l'Etat de 2012 à 2017. Et cela me semble une explication bien suffisante de la popularité actuelle de François Bayrou. Sans hallucination aucune ;-)

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