Grèce : Enfin la parole au peuple !

Commençons d'abord ce billet par une citation d'un personnage qui a marqué l'histoire de France :

"Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré et le plus indispensable des devoirs" (discours à la convention nationale le 10 juillet 1794) - Maximilien de Robespierre


De quoi parle t-on au juste quand on aborde le cas de la dette Grecque ? On lit et on entend surtout parler de milliards d'euros, de banques et banquiers, de taux d'intérêt, de créance, de défaut de paiement, de faillite, de chute des bourses mondiales, de stupeur mais entendez vous ici ou là, des journalistes, des dirigeants européens vous parler de la population grecque autrement que par les mots plan de rigueur, plan d'austérité, sacrifices ?  Non !

Non, jamais, car ils ne se soucient pas des peuples Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont les yeux rivés sur les indices boursiers. Angela Merkel n'a t-elle pas qualifié le second plan d'austérité grec de juin 2011 de "vraiment bonne nouvelle"

Pour mémoire, je vais donc vous citer une partie des mesures prises à l'encontre du peuple grec par son gouvernement. En lisant cette longue liste réfléchissez un instant à une situation identique en France et qu'elle aurait été votre réaction devant la capitulation du politique devant la finance :

Mesures prises en 2010 et 2011 :
  • Réduction de 30% du 13e mois et de 60% du 14e mois de salaire touchés pour les employés du secteur public  
    • Réduction de 30% des primes de Noël, de Pâques et de vacances d'été pour tous les fonctionnaires  
    • Suppression des 13e et 14e mois de salaire dans la fonction publique pour les fonctionnaires gagnant plus de 3 000 euros par mois.
    • Le gel des salaires est étendu jusqu'en 2014.
      • Réduction totale du 14e mois (versé à tous les fonctionnaires)
      • Réduction de 12% sur les suppléments de salaires (primes...) en 2010 puis réduction de 8% de plus en 2011
      • Réduction de 7% des salaires dans les entreprises publiques
      • Réduction de 30% des primes de Noël, de Pâques et de vacances d'été dans les entreprises publiques.
      • Abaissement de 20 % du salaire minimum pour les jeunes et les chômeurs de longue durée qui retrouvent un emploi. 
      • Réduction de 10% du financement par l’État des caisses de retraites de l'entreprise publique d'électricité (DEI) et de l'opérateur grec des télécoms (OTE), conduisant à une réduction des crédits budgétaires correspondants.
      • Toutes les pensions du secteur public et du secteur privé sont gelées. Cette mesure annule ainsi les augmentations annoncées et inscrites dans le budget mais elle ne concerne cependant pas le personnel de sécurité, le personnel infirmier et les enseignants.
      • Hausse de deux points du principal coefficient de la TVA de 19% à 21% (pour les autres coefficients de la TVA, de 4,5% à 5% et de 9% à 10%). Nouvelle hausse de la TVA de 1 %.en 2011
      • Hausse de la taxe sur le fuel et l'électricité.
      • Hausse de 20 % de la taxe sur l'alcool. 
      • Hausse de 63 % de la taxe sur le tabac.
      • Relèvement de l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans pour tout le monde. Jusqu'alors, les femmes - notamment - pouvaient partir à la retraite à 60 ans.
      • Relèvement du nombre d'années de cotisation obligatoire pour avoir droit à une retraite à taux plein. Il est progressivement porté de 37 à 40 ans d'ici à 2015. 
      • Abaissement du seuil d'imposition. Seuls les salariés gagnant moins de 8000 euros par an seront exonérés d'impôts. Auparavant, le seuil était fixé à 12 000 euros. 
      • Instauration d'une taxe de solidarité établie en fonction des ressources qui pourra atteindre 5 % des revenus. 
      • Instauration d'un impôt de 450 euros pour les auto-entrepreneurs. 
      • Remplacement d'un fonctionnaire sur dix seulement, et non plus de un sur cinq comme auparavant. 
      • Autorisation des licenciements dans les organismes publics victimes de fusions de services. 
      • Mise en place d'un plan de privatisations censé rapporter 50 milliards d'euros à l'État jusqu'en 2015. Des services publics tels que la poste et l'électricité sont, notamment, concernés. Des milliers de fonctionnaires craignent de perdre leur emploi.
        Voilà j'arrête là cette longue liste de mesures prises contre le peuple grec qui trinque non sans réagir. En France hormis à l'UMP on trouve aussi des râleurs qui protestent contre ce choix du premier ministre Grec mais ces esprits droitiers seraient-il d'accord si on leur demandait tant de sacrifices dans notre beau pays ?

        Bien sûr les dirigeants Grecs de droite surtout mais à gauche aussi ne sont pas des modèles de gestionnaires, ils avaient déjà maquillé les comptes pour entrer dans la zone euro (en bidouillant les chiffres pour laisser apparaitre un taux de déficit inférieur à 3% du traité de Maastricht) que l'on n'est pas vraiment surpris de savoir que les dirigeants de droite ont à nouveau fait en sorte de planquer leur dette et leurs déficits abyssaux.

        Mais le courage politique des dirigeants Grecs n'est sans doute pas une qualité très développée car il eut sans doute fallu faire des réformes au fil de l'eau plutôt que d'assener des mesures plus dures les unes que les autres toutes en même temps.

        Pour ce qui concerne le choix de Papandreou, on ne peut que se féliciter qu'il y ait enfin un dirigeant Grec qui ait la volonté de faire valider par son peuple le plan de sauvetage européen, pour une fois qu'un dirigeant politique consulte son peuple par un référendum, après tant et tant de mesures impopulaires, on ne peut que saluer son courage politique.

        En Grèce comme ailleurs, la politique c'est être au service de son peuple, l'oublier induit de graves conséquences.

        Comment oser le critiquer alors que depuis 2 années les plans d'austérité se succèdent en Grèce pour rembourser les banquiers. Alors oui il était tant d'enfin choisir la voix de la sagesse. Si le fameux plan de sauvetage de "superman" Sarkozy et des 17 pays de la zone euro est bon, alors les Grecs plein de bon sens l'approuveront, dans le cas contraire, une nouvelle bataille politico-économique se profilera.

        La fameuse arlésienne qu'est la taxe sur les transactions financières rapporterait au niveau de l'Europe bien plus qu'il n'en faut pour rembourser la totalité de la dette Grècque mais les dirigeants de la zone euro sont sous le contrôle des lobbys bancaires et ils n'acceptent toujours pas cette évidence.

        «Au cours des trois dernières années, les Etats membres ont accordé des aides et fourni des garanties au secteur financier à hauteur de 4 600 milliards d'euros. Il est temps qu'en retour, le secteur financier apporte sa contribution à la société».Voilà ce que déclarait le pourtant très libéral José Manuel Barroso fin septembre 2011. Alors il est temps d'imposer et d'appliquer une taxe suffisament importante qu'elle permette de sortir la Grèce et l'Europe une fois pour toute de leur dépendance aux banques et à la finance.

        Enfin, rappelez vous il y a eu un précédent avec l'Islande puisque par référendum les islandais ont refusé le règlement des dettes de l'Islande au Royaume-Uni et au Pays-Bas. L'ampleur n'était pas la même mais le peuple souverain avait décidé de ne pas céder. L'Islande est toujours là non ?

        Pour la Grèce, tout n'est pas perdu quand on se souvient que la chanteuse Nana Mouskouri, 75 ans, avait répondu à l'appel aux sacrifices du Premier ministre en décidant de renoncer à sa retraite d'eurodéputé pour en faire don à l’État grec.

        Sur ce sujet à lire chez Elmone, Nicolas, Yann , Autheuil, Stef et Romain

        Commentaires

        1. Petit doublon :) "mais les dirigeants de la zone euro sont sont le contrôle des lobbys bancaires"

          RépondreSupprimer
        2. Oui, ça fait lourd en tout, je ne m'en rendais pas compte.

          RépondreSupprimer
        3. @Nicolas : oui surtout longue

          @El Camino : c'est assez impressionnant et lourd comme tu dis

          RépondreSupprimer
        4. Petit complément, la tva maximal est passé à 23%
          imposition à partir de 5 000 euro ans, ce qui est sous le seuil de pauvreté.
          une taxe de 1% sera rajouté au auto-entrepreneurs, qui sont déjà taxé à 23%

          RépondreSupprimer
        5. Je suis d'accord avec ce référendum; les grecs ont le droit de dire s'ils veulent rembourser les dettes contractés par leurs politiciens qui ont truqué les comptes.
          Il faudrait aussi faire voter les citoyens des 16 autres pays participants à l'euro pour demander s'ils veulent apporter des fonds pour les grecs, car il vont utiliser nos impôts après tout

          RépondreSupprimer
        6. Je suis fonctionnaire (dans l'éducation nationale) et je découvre avec stupeur que les Grecs avaient droit à un 13ème, voire à un 14ème mois, qu'ils ont des primes pour Noël et Pâques et qu'elles pouvaient partir à 60 ans...que le nombre d'annuités passe à 40. Bien.
          Alors, pour info: je ne touche aucune prime, je n'ai pas de 13ème mois et on s'achemine vers 42,5 annuités pour toucher une retraite complète. Si je veux toucher une retraite pleine...oublions, je n'en toucherai pas.
          Quant au taux de remplacement des fonctionnaires partant à la retraite, je rappelle qu'en France, on vise un poste de fonctionnaire sur deux non renouvelé en notre sainte maison l'EN.
          Je compatis très sincèrement aux difficultés que rencontrent les Grecs. Tout leur tombe sur la tête d'un coup. Mais il m'a semblé utile de comparer avec ce qui se passe chez nous.

          RépondreSupprimer
        7. juste une petite précision sur le "pauvre peuple Grec". En Grèce, 30% des impôts sur le revenu ne sont pas collectés. Tricher sur ses impôts est un sport national pratiqué et revendiqué par toutes les classes et les entreprises.

          Je trouve désolant que par votre article vous leur donniez raison. La démocratie n'est pas faite que de droits.

          RépondreSupprimer
        8. Très bon article qui réunit des choses éparpillées à droite et à gauche, choses qui intéressent peu les grands médias.

          RépondreSupprimer

        Enregistrer un commentaire

        La modération des commentaires est activée soit immédiatement soit 2 jours après la publication des billets cela ne doit pas vous empêcher d'en poster.

        En règle générale, sachez que les commentaires à caractère raciste, antisémite, haineux, injurieux, diffamatoire et pornographique ne seront pas tolérés tout comme ceux révisionnistes et sexistes.