Même si j'ai fait installer une pompe à chaleur, que je paye à crédit, dans ma home sweet home, vous savez, si vous venez lire mes délires régulièrement, que je ne suis pas un écolo.
Ce lundi une chose incroyable "pour les Français" est venu troubler l'ordre "énergétique" établi en Europe puisque l'Allemagne a décidé de stopper sa production d'énergie nucléaire en 2022 très précisément.
Alors inévitablement les réactions politiques en France n'ont pas manqué, les uns s'en félicite, les autres ne veulent rien changer et pour finir, d'autres veulent en sortir en douceur.
Comme je n'y connais rien je mes suis dit que comparer les chiffres allemand et français serait déjà une bonne base, alors j'ai cherché et trouvé ces données que voici et vous allez voir que la problématique est bien différente entre la France et l’Allemagne puisque la production d'énergie est très dissemblable (chiffres 2010) :
Production 2010 | France | Allemagne |
Nucléaire | 74,1% | 23% |
Charbon | 10,8% | 55% |
Énergies Renouvelables | 15% | 18% |
Autres | - | 6% |
Avec des camemberts c'est encore mieux
Pour l'Allemagne :
Pour la France :
On remarque qu'en ce qui concerne les énergies renouvelables, la répartition est très différente puisqu'en France la part de "l’hydraulique" est bien plus importante qu'en Allemagne qui elle a un parc éolien qui produit 4 fois plus d'énergie qu'en France.
Donc si l'on en croit la chancelière allemande, son pays va supprimer 23% de sa production électrique en la substituant par les autres énergies et en développant l'éolien et en construisant des centrales "thermiques". Je dirai presque que c'est facile quand il n'y a que 23% de production concernée mais c'est probablement plus difficile que je ne le dis.
En ce qui concerne la France, qu'en est-il ou plutôt qu'en sera t-il quand la gauche et les écologistes arriveront aux responsabilité en mai 2012 ? Là, le problème est d'une autre ampleur car 75% de la production ne se remplace pas comme ça si facilement. Comment ? Combien d'années faudra t-il ? Par quelle autre énergie ? Voilà des questions que je me pose et les Français probablement aussi.
La volonté politique est des plus importante et on ne peut rester de marbre, comme le fait la droite, face à des catastrophes vécues tant à Tchernobyl qu'à Fukushima mais pour autant tout cela se doit d'être organisé et planifié dans le temps.
Connaissant les vicissitudes de la vie politique française n'a t-on pas aussi à craindre lors d'un basculement de majorité que, par exemple, si la droite revenant au pouvoir, elle annule les décisions qui auraient été prises antérieurement par la gauche et les écologistes (si bien sur ils gagnent dans un an) ?
Je vous glisse le pdf du syndicat des énergies renouvelables d'où sont extraits les camemberts, il aborde pour la France l'Allemagne et l'Espagne l'état des lieux et les perspectives des énergies renouvelables, je vous en conseille la lecture.
Si jamais un écolo passait par là, qu'il n'hésite pas à éclairer ma lanterne en commentaire.
Si jamais un écolo passait par là, qu'il n'hésite pas à éclairer ma lanterne en commentaire.
Tu as raison de dire que ce n'est pas parce qu'on est pas "écologiste" que l'on ne se soucie pas de ces questions.
RépondreSupprimerPour apporter un peu d'eau au moulin, je dirai que la voie à suivre serait évidement et en premier lieu la réduction de la consommation. Un excellent moyen d'y parvenir est la mise en place du principe de gratuité de l'électricité. Cela permettrait de :
RépondreSupprimer- Supprimer la problématique de la survie des petits revenus (et donc petits consommateurs) car moins de factures à payer.
- Faire diminuer la consommation de manière démocratique en fixant des seuils de gratuité (par exemple 50% de la consommation moyenne actuelle d'électricité) au delà desquelles la consommation est renchérie progressivement et lourdement.
La tendance qui en résulterait serait baissière.
@captainhaka : oui c'est clair qu'il faut s'en préoccuper avant qu'il ne soit trop tard.
RépondreSupprimer@Tassin : c'est une idée intéressante effectivement
@ Melclalex :
RépondreSupprimerDe plus, la gratuité me semble un le seul concept assez fort pour battre le "toujours plus" promis par les croissancistes.
Le choix de l'Allemagne est surprenant quand on sait que l'énergie éolienne est produite à perte.
RépondreSupprimer@Vallenain :
RépondreSupprimerTu peux développer?
Bon billet (même si je ne vois pas la vidéo au bureau, méchant proxy).
RépondreSupprimerJe me pose deux questions :
1. Quelle est la quantité d'énergie achetée par l'Allemagne à la France ? C'est quoi le "autre" dans les camemberts ?
2. Comment se fait-il que les écolos Français ont oublié de dénoncer l'Allemagne qui produit plus de 50% de son énergie avec des machins qui produisent du CO2 ?
@Nicolas :
RépondreSupprimer1. Les échanges France-Allemagne en 2009 étaient de 10TWh d'exports pour 1,4TWh d'imports.
On peut trouver ce chiffre page 12 de ce document : https://www.entsoe.eu/fileadmin/user_upload/_library/publications/entsoe/Statistical_Yearbook/101124_SYB_2009.pdf
Concernant le "autres" c'est essentiel le solde imports-exports justement.
2. Bonne question.
Tassin,
RépondreSupprimerMerci ! Donc les Allemands vont continuer à acheter notre électricité nucléaire...
cette décision allemande ne vient pas troubler l'ordre énergétique établi en europe . L'Autriche , la Norvège , le Danemark , l'Italie , le Portugal , la Grèce , la Pologne et l'Irlande n'ont pas de nucléaire . Si l'Allemagne vient rejoindre ce groupe , le changement en europe ne sera pas radical . Ce qui est troublé par cette décision ce sont les esprits français formatés au nucléaire .
RépondreSupprimercordialement .
Claude
Nicolas,
RépondreSupprimerTout dépend des politiques économiques et énergétiques allemandes de la prochaine décennie. S'ils orientent résolument à la baisse leur consommation alors les imports depuis la France peuvent baisser également.
Un objectif de 10% de consommation en moins d'ici 2020 en discuté en ce moment mais ça me semble difficilement compatible avec leur objectifs de croissance. Faut savoir ce qu'on veut!
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/05/30/berlin-veut-reduire-de-10-sa-consommation-d-electricite-d-ici-a-2020_1529278_3214.html
Sans doute, le plus vite possible. Un accident nucléaire, statistiquement, n'attendra pas 40 ans pour se produire !
RépondreSupprimerNous pouvons mobiliser l'économie autour de 3 piliers :
1. l'efficacité énergétique, génératrice de plusieurs centaines de milliers d'emploi
2. un plan national en faveur des énergies renouvelables (éolien, hydrolien, solaire, méthanisation, géothermie notamment) autour d'un pôle public renforcé
3. une fiscalité écologique favorisant les économies d'énergie et les énergies renouvelables
N'oublions pas non plus que nous n'avons plus que 20 années de pétrole "bon marché". Dans 20 ans, il sera trop tard. Il y a un caractère urgent à sortir du nucléaire dès lors que nous ne sommes pas en capacité de confiner le risque. Les ingénieurs d'Areva nous l'ont répété : le risque zéro n'existe plus. Il faut les écouter.
3.
Merci pour ton éclairage Denis
RépondreSupprimer@Tassin : des études avaient été faites (j'essaie de remettre la main dessus) qui montraient que les parcs éoliens coûtaient plus qu'ils ne rapportaient (à cause de l'entretien et de leur faible rendement - En tout cas, en France, mais je suppose que c'est pareil en Allemagne)
RépondreSupprimer@ Vallenain :
RépondreSupprimerSi tel était le cas aucun parc ne se construirait. Quel investisseur souhaiterait perdre de l'argent en construisant quoi que ce soit?
L'éolien est à l'heure actuelle l'énergie renouvelable la moins chère, c'est un fait. Prix d'achat 2011 : 8,3cts/kWh.
Oui mais est-ce que ce n'est pas ce prix d'achat qui est à remettre en cause ?
RépondreSupprimerSi tu baisses ce tarif, même de 10%, tu tues la majorité des projets éoliens en France.
RépondreSupprimerAprès il est évident qu'on peut envisager un développement éolien sans tarif d'achat, mais il faudrait alors renationaliser le secteur de l'énergie pour opérer un financement public des parcs.
Ce qui reviendrait à produire l'énergie éolienne (et les autres) à prix coutant, l'investissement public ne requérant pas de rendements de 10% (rendement exigé des investisseurs pour la construction d'un parc, basé sur une probabilité de production de 50% à 75%, suivant le niveau d'exigence des financiers).
Tassin,
RépondreSupprimer"Si tu baisses ce tarif, même de 10%, tu tues la majorité des projets éoliens en France." Je ne dis pas le contraire, mais quand Vallenain parlait de coût de production, tu répondais par le coût d'achat par un acteur obligé, par la loi, d'acheter...
Et je pense, effectivement, que la production d'électricité doit revenir dans le giron du public à cause de ce coût d'achat qui se paye forcément par les usagers... Donc nous...
Nicolas,
RépondreSupprimerLe coût de production éolien, donc prix coutant, en gros c'est 5 à 7cts/kWh, ça dépend des endroits. La différence avec le tarif part dans la poche des investisseurs c'est clair. En même temps les tarifs d'achats sont indispensables pour permettre le développement d'énergies alternatives dans le cadre d'un marché libéralisé tel qu'il existe aujourd'hui.
Les usagers financent directement, à travers les tarifs d'achats, des actionnaires qui n'ont rien à faire dans ce domaine.
Ben oui, d'où l'idée d'en sortir.
RépondreSupprimerIl n'y a pas le choix d'un point de vue "moral" : je crois que les tarifs réglementés sont incompatibles avec un investissement privé...
On est bien d'accord!
RépondreSupprimerA regarder attentivement et partager.
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=j_EbrOjIGkQ
Très pertinente ce Jeremy Rifkin! Merci, je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerA l'évidence, il faut réduire notre consommation énergétique, dont celle de l'électricité. C'est très faisable en responsabilisant le public et en mettant en place des tarifs progressif avec le niveau de consommation. Pour une consommation de base limitée, le tarif serait modéré, puis augmenterait par paliers. Les gens regarderaient leur compteur et éviteraient de trop consommer.
RépondreSupprimerL'interdiction immédiate du chauffage électrique dans toutes les constuctions neuves est aussi une évidence, avec mise en place dès 2012 de la règlementation thermique équivalente à celle des "maisons passives" comme elle existe en Allemagne, Autriche, Suisse. Lire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Habitat_passif
Au cours des six dernières années, l'Allemagne a toujours eu un solde exportateur d'électricité, de 8.500 à 22.500 GWh (16.800 GWh en moyenne) : http://energeia.voila.net/electri/allemagne_passer_nucle_fr.htm
Dans le même temps de six ans, la production d'électricité nucléaire a diminué de 21.200 GWh, celle des combustibles fossiles a diminué de 13.300 GWh, alors que celle des nouvelles énergies renouvelables (hors hydraulique) a augmenté de 35.400 GWh.
Si l'on savait d'où proviennent les graphiques, on pourrait trouver en quoi consiste la partie "autres".
En fait, il y a une erreur sur les combustibles fossiles qui sont de 60% (344.00 GWh sur 573.000 GWh - voir texte cité plus haut).
Le graphique de la page 12 du document entso indique les échanges aux frontières, ce qui n'a qu'un lointain rapport avec les échanges entre pays (sauf exception Portugal-Espagne) car le réseau électrique européen est maillé. Les échanges entre la France et l'Allemagne peuvent passer à travers quatre autres pays, dans un sens comme dans l'autre. Le tableau de la même page montre d'ailleurs que l'Allemagne (DE : Deutschland) a exporté 54.849 GWh et a importé 40.545 GWh, soit un solde exportateur de 14.304 GWh.
Selon le Bilan électrique français publié chaque année par RTE (Réseau de transport de l'électricité), la France importe plus d'électricité de l'Allemagne qu'elle ne lui en exporte :
France 2007 : importe 16,2 TWh d'Allemagne - exporte 8,0 TWh vers l'Allemagne
France 2008 : importe 19,0 TWh d'Allemagne - exporte 6,4 TWh vers l'Allemagne
France 2009 : importe 19,1 TWh d'Allemagne - exporte 7,2 TWh vers l'Allemagne
France 2010 : importe 16,1 TWh d'Allemagne - exporte 9,4 TWh vers l'Allemagne
Maintenant, le nucléaire perd peu à peu sa compétitivité économique face aux énergies renouvelables dans un nombre croissant de pays ou de régions : http://energeia.voila.net/nucle/reacteurs_trop_chers.htm
Pour la fin du pétrole "bon marché", ce n'est pas dans 20 ans mais maintenant. Après le pic mondial du pétrole "brut" en 2006 (reconnu par l'Agence internationale de l'énergie en 2010), le pic mondial du pétrole "tous liquides", comprenant en plus les liquides associés au gaz naturel, les gains de raffinerie (plus en sortie qu'en entrée), les pétroles bitumineux et les agro-carburants, est attendu pour la période 2011-2015. La crise économique depuis 2008 retarde un peu le pic, sans quoi celui-ci serait sans doute en train de se passer en 2011. Confirmation lors du déclin dans quelques années.